
Le vrai visage des candidat·es RN
Élections législatives anticipées de 2024 : alors que la panique gagnait les rangs, StreetPress et plusieurs médias indépendants ont décortiqué le profil des candidat·es RN et mis à jour leurs innombrables propos racistes, homophobes, antisémites, complotistes ou anti-IVG.
Un travail de fond qui, un an après, n'a rien perdu de son actualité, et qu'on tenait à vous faire (re)découvrir.
⏳ Comprendre l'enquête en 30 secondes
→ Au soir du premier tour des législatives anticipées de 2024, le Rassemblement national est arrivé largement en tête. Dans ce contexte, StreetPress, aux côtés de Libération ou Mediapart, s'est engagé dans une vaste entreprise de vérification des profils investis par le parti.
→ Loin des quelques "brebis galeuses" chères à Jordan Bardella, ce travail d'enquête met en lumière une centaine de profils investis par le RN malgré des propos ouvertement racistes, antisémites, homophobes ou complotistes.
💥 Et son impact en encore moins de temps !
→ Suite à la publication des profils des candidat·es RN, certain·es d'entre elleux ont été contraint·es de se retirer pour le second tour des élections législatives anticipées.
→ Les reprises médiatiques ont été nombreuses, et l'écho auprès du grand public important.
Des propos ouvertement racistes, antisémites, homophobes
C'est l’actualité qui, en 2024, a tout balayé sur son passage. Au soir du premier tour des législatives anticipées, le Rassemblement national est arrivé largement en tête avec environ 33 % des voix, suivi par le Nouveau Front Populaire (28 %) et la majorité présidentielle (21 %). La participation, exceptionnellement élevée (plus de 66 %), a donné lieu à une recomposition inédite : 37 député·es RN ont été élu·es dès ce premier tour, quand plus de 300 circonscriptions restaient en jeu pour le second.
Face à la montée fulgurante du Rassemblement national, une dizaine de médias, dont StreetPress, mais aussi Libération, Mediapart, L’Express, Blast et de nombreux titres régionaux comme L’empaillé en Occitanie, se sont lancés dans une vaste entreprise de vérification des profils investis par le parti. Leur objectif : confronter le récit de "normalisation" du RN à la réalité de ses candidat·es sur le terrain.

À la veille du second tour des élections législatives anticipées, dans son enquête « Propos racistes, homophobes, complotistes... La liste des 109 candidats RN épinglés », StreetPress a publié un important travail de synthétisation de ces profils investis par le RN.
Loin de l'image des quelques "brebis galeuses" que reconnaît Jordan Bardella, ce travail met en lumière une centaine de profils investis malgré des propos ouvertement racistes, antisémites, homophobes ou complotistes. Certaines candidat·es, par exemple, ont été repéré·es en train de poser en t-shirt néonazi, quand d’autres relativisaient la Shoah ou partageaient des contenus pro-Poutine. Il s'avère également que plusieurs ont été condamnés pour violences, injures racistes ou placés sous curatelle renforcée. Des éléments en contradiction flagrante avec le discours de dédiabolisation affiché par le RN, qui ont pesé dans la balance pour le résultat du second tour.
💥 En quête d'impact
Un an après la publication de l'enquête de StreetPress, les médias se sont-ils fait l'écho des recherches effectuées par StreetPress, mais aussi Libération ou Mediapart ? Certain·es candidat·es RN ont-iels été condamné·es par la justice pour leurs propos ? L'image des quelques "brebis galeuses" chère au RN a-t-elle été remise en question ?
Rembobine vous propose de découvrir l'impact de l'enquête, d'après une méthodologie inspirée du média d'investigation Disclose et de son rapport d'impact. Rendez-vous sur le site pour comprendre ce qui peut être inclus dans ce tableau.
→ Suite à la publication des profils des candidat·es RN, certain·es d'entre elleux ont été contraint·es de se retirer pour le second tour des élections législatives anticipées. Ça a été le cas de Ludivine Daoudi qui, dans la première circonscription du Calvados, a dû se retirer après qu'une photo d'elle arborant une casquette de sous-officier de la Luftwaffe à croix gammée a émergé de son compte Facebook.
→ Certain·es candidat·es RN ont fait des commentaires publics, fustigeant le travail d'investigation de StreetPress, mais « on a régulièrement des commentaires de cette mouvance-là, détaille Mathieu Molard. Ce n'est pas propre aux périodes électorales. »
→ Le 17 juin 2025, le secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée, Renaud Labaye, a fait savoir qu’il avait demandé à ses député·es de quitter l’ensemble des groupes Facebook problématiques auxquels iels appartiennent.
→ D’après le décompte de Libération dans un article du 8 juillet 2024, les trois quarts des "brebis galeuses" du RN ont été battues. Cependant, un an après les révélations, Libération révélait que le parti n’a pas procédé au grand ménage promis et que 90 des candidats problématiques étaient encore dans le parti.
→ Les reprises médiatiques se sont comptées par « dizaine voire par centaine », souligne Mathieu Molard. Leur travail d'enquête a été repris dans l'ensemble des médias généralistes, ainsi que dans une partie de la presse étrangère (anglaise, italienne...).
→ Lui-même a été invité sur plusieurs plateaux télé, comme celui du JT de M6, pour parler du travail d'investigation de StreetPress. « On a été en flux tendu pendant toute la campagne, détaille le rédacteur en chef. On travaillait 18 heures par jour. Dès qu'on avait fini le profil d'un candidat, on s'attaquait au suivant. »
→ Pour les propos jugés racistes du député RN sortant de l’Yonne Daniel Grenon, en tête du premier tour (40,4 % des voix) dans sa circonscription, le procureur de la République a été saisi, le 3 juillet 2024, par le premier secrétaire de la fédération du Parti socialiste de l’Yonne, Mani Cambefort, et des associations. Il a été exclu du parti suite a une commission à la rentrée de septembre.
→ Visé par l'article de StreetPress « En Lozère, le candidat RN est membre d’une communauté catholique intégriste surveillée par les autorités » (05 juillet 2024), Luc-Étienne Gousseau, candidat RN anti-IVG et homophobe, a porté plainte contre la rédaction. La procédure est toujours en cours. « On est habitué à ce qu'on nous attaque en justice, souligne Mathieu Molard. On a actuellement 7 ou 8 procédures en cours. »
→ Les audiences de StreetPress ont été très élevées pendant la période électorale, avec « plus de 6 millions de compte Instagram touchés », estime Mathieu Molard.
→ Pendant les élections législatives anticipées, la rédaction de StreetPress a reçu environ « 500 mails d'insulte par jour, complète Mathieu Molard. On en reçoit régulièrement, mais pas à ce point. »
→ À l’initiative de plusieurs médias indépendants, 100 médias et ONG ont appelé à de grands événements publics contre l’extrême droite, notamment place de la République à Paris les 27 juin et 3 juillet 2024, où près de 30 000 personnes se sont rassemblées. Les révélations des enquêtes sur les candidats problématiques étaient au cœur des prises de parole.
→ Ces événements ont également permis que la scène culturelle se mobilise. On y a notamment retrouvé Etienne de Crecy, un plateau Rap monté par Grünt avec Prince Waly, Dau, Jäde, Ben PLG, Theodora, Le Juiice, Jok’Air… et beaucoup d’autres artistes.
🕵️♀️ Les coulisses de l'enquête
Rédacteur en chef de StreetPress, Mathieu Molard travaille sur l'extrême-droite depuis une quinzaine d'années. Il est également l'auteur de Système Soral, enquête sur un facho-business.
Dans son interview à Rembobine, il revient sur la mobilisation de la rédaction dans le contexte des législatives anticipées, l'importance d'unir ses forces avec d'autres médias, et la distinction entre journalisme et militantisme.

🧰 Pour mieux suivre le sujet
L'extrême-droite vous intéresse ? Mathieu Molard vous conseille grandement la lecture des Électeurs ordinaires, du sociologue et politiste Félicien Faury. Un ouvrage clé, qui permet de comprendre de façon inédite comment les idées d’extrême droite se diffusent au quotidien.

Le rédacteur en chef de StreetPress vous conseille également (et nous avec) de vous plonger dans l'édifiante enquête de Marylou Magal et Nicolas Massol, L'extrême droite, nouvelle génération. Un ouvrage qui retrace de façon minitieuse l'avènement progressif des nouvelles figures de l'extrême droite, de Jordan Bardella à Marion Maréchal, en passant par Geoffroy Lejeune et Stanislas Rigault.
Lecteur·rices, citoyen·nes...Vous avez le pouvoir de renforcer l'impact du travail des journalistes !
1. Partagez l’enquête autour de vous, dans vos réseaux, avec vos collègues pour alerter sur le vrai visage des candidat·es RN.
2. N'hésitez pas communiquer vos informations à StreetPress si vous en avez, via la plateforme d'enquête sur l'extrême-droite que le média a lancée.
3. Abonnez-vous à la newsletter FAF de StreetPress, dédiée à l'extrême droite.
4. Engagez vous dans des structures qui vous ressemblent pour lutter contre la montée de l'extrême droite. « Certains se sentent à l'aise dans un groupe antifasciste, d'autres dans le groupe local de Greenpeace, détaille Mathieu Molard. Le tout, c'est de trouver l'endroit où on se sent bien. »
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